Les conséquences d’El Niño sur l’agriculture mondiale
Le phénomène météo d’El Niño s’installe. À l’échelle mondiale, plusieurs grandes zones agricoles risquent d’être impactées par un changement du régime hydrique durant la campagne de 2023-2024.
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« Le phénomène El Niño est désormais installé depuis le mois de juin, selon les météorologues, et pourrait durer jusqu’au printemps 2024 », indique Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. Son intensité, qui reste à confirmer, est pour l’heure estimée comme « modérée ». L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a jugé le 13 juillet 2023 que le phénomène avait plus de 90 % de chance de se poursuivre pendant l’hiver de l’hémisphère Nord. Selon Météo-France, le dernier épisode enregistré remonte à 2015-2016.
Conditions très sèches en Asie et en Australie
À quoi peut-on s’attendre pour l’agriculture mondiale ? Marc Zribi commente une carte établie par la NOAA qui, explique-t-il, modélise 22 phénomènes d’El Niño depuis 1950.
Habituellement, au nord de l’Argentine et au sud du Brésil, « El Niño se traduit par des conditions humides de septembre à février, au moment de la croissance et de la récolte du blé par exemple. » FranceAgriMer pointe ainsi de possibles impacts sur la qualité de la récolte.
En Europe et sur le pourtour méditerranéen, Marc Zribi note des impacts « plutôt favorables en termes d’humidité ». Et à l’inverse, « des conditions très sèches » sur la Chine, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et l’Australie. Il souligne que « le ministère de l’Agriculture australien a déjà publié des premières prévisions de récolte de céréales d’hiver (blé et d’orge), qui seraient en recul de l’ordre de 30 % en 2023-2024 ». Un retrait qui serait « largement » dû au phénomène, précise-t-il.
Risques pour la sécurité alimentaire
La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) prévoit, dans un communiqué publié le 19 juillet 2023, de « fortes incertitudes » pour certaines matières premières agricoles (céréales, sucre, huile de palme, agrumes) à moyen terme. Elle souligne que « les perturbations vont à la fois dégrader les productions des grands exportateurs (Australie, Brésil, États-Unis) et de poids lourds sur le plan démographique supposés autosuffisants sur le plan alimentaire (Chine, Inde). »
La société d’assurance crédit s’attend à une hausse des cours des commodités qui pourrait bénéficier aux pays peu touchés par les perturbations météo, ainsi qu’à des risques « significatifs pour la sécurité alimentaire dans certaines régions du monde ».
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